Jour de rentrée… Je suis seule, enfin seule.

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Lundi, jour de rentrée. Lorsque je dépose ma toute petite fille à l'école ce matin et que je l'observe avec son petit cartable, sa jolie robe bien repassée et le petit sourire timide que je devine sous son masque, je ne peux m'empêcher d'avoir le cœur serré. Ma toute petite fille à mes côtés chaque jour depuis trois semaines, son rire communicatif, sa joie débordante … mon meilleur antidépresseur...Celle qui me permet d'oublier mes soucis en écoutant ses chagrins, celle qui m'incite à m'asseoir, jouer à la poupée, lire une histoire, construire une maison en légos, encore et encore...Inlassablement. 

Puis un tourbillon de questions dans ma tête … des questions de maman inquiète : Est-ce que sa nouvelle maîtresse sera bienveillante ? Et ses copines, seront-elles dans sa classe ? Devra-t-elle garder ce fichu masque dans la cour ? Et si elle avait un coup de blues? Pour cela, j'ai même imaginé un petit rituel. Je lui ai dessiné un tout petit cœur sur son épaule. Si elle pense à moi durant la journée, elle peut toucher le cœur ; il est le témoin visible du lien intemporel qui existe entre nous deux. 

Lorsque je la vois courir allègrement vers sa copine puis se retourner et me faire un petit signe que j'interprète comme un : « C’est bon maman, tu peux partir », je me sens un peu confuse … Et si finalement tout allait bien pour elle ? Si ce jour de rentrée était même une bénédiction, une façon de sortir enfin des jupons de sa maman ? Et si c'était l'occasion de grandir ? De s'autonomiser grâce aux apprentissages et au regard moins subjectif de nouveaux adultes ? Et si des deux c’était finalement moi la plus triste, la plus stressée ? Et si elle ne touchait même pas le petit cœur sur son épaule ? 

Je ressens un petit pincement puis un air doux vient caresser mon visage, je crois même sentir un petit vent de liberté... Je suis seule, enfin seule … J'ai du temps. Pourquoi ne pas en profiter ? Pourquoi ne pas m'accorder ce temps-là, ce précieux temps après lequel je cours sans arrêt ? Je pourrais recharger mes batteries pour ensuite mieux m'occuper des autres ? Si je décidais d'écouter mes envies sans attendre ? Et sans culpabiliser … Ici et maintenant …

Je détourne mon visage de l'école, porte mon regard sur le paysage alentour, avance doucement sur le chemin. Je fais l'effort de voir, sentir, entendre … Je décide de rentrer chez moi en marchant. Une marche méditative lente, souple, riche. Une marche pour moi, juste pour moi, enfin...

Texte par Emilie Perreard, psychothérapeute Mougins, France.

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